L’Hôtel Pullman a abrité mercredi 27 avril 2022 l’Atelier de Présentation et de Validation de l'Etude de faisabilité technique du projet de modernisation et de gestion des déchets solides des Communes de N'djili, Kisenso, Matete et Lemba. Outre des cadres des agences d’exécution du projet KIN ELENDA concernées, à savoir la Cellule Infrastructures (CI), la Cellule d’Exécution des Projets Eau (CEP-O) et la Cellule de Développement Urbain de la Ville de Kinshasa (CDUK), l’atelier a réuni un parterre d’experts venus de plusieurs Institutions et Services relevant aussi bien du Gouvernement central que du Gouvernement provincial de la Ville de Kinshasa. L’Association Française de Développement (AFD) et la JICA étaient représentées à l’atelier aux côtés de la Banque mondiale, bailleur de fonds du projet. Des représentants des entreprises privées opérant dans le secteur et de la Fédération des Entreprises du Congo (FEC) ont également pris part à l’atelier. Les Bourgmestres des Communes de N'djili et de Kisenso ont représenté les municipalités ciblées par le projet.
La Gestion des déchets solides est un de quatre volets du projet KIN ELENDA au titre de la Composante Infrastructures et services résilients au niveau de la Ville de Kinshasa. Les trois autres étant l’approvisionnement résilient en eau, l’assainissement liquide et la résilience des infrastructures et services énergétiques.
Suivant le diagnostic du Consultant, les 4 Communes ciblées par le projet génèrent quotidiennement 1000 tonnes de déchets solides. Ceci représente un huitième de la quantité totale des déchets produits à l'échelle de l'ensemble de la Ville de Kinshasa. De ce volume global de déchets, moins de 5% sont enlevés, par des efforts conjugués des collecteurs indépendants, des ASBLs et ONGs, de quelques entreprises privées et de la RASKIN (Régie d'Assainissement de Kinshasa), un Service relevant de l'Hôtel de Ville de Kinshasa. Malgré ces efforts, les immondices collectées ne sont pas actuellement acheminées et traitées au Centre d'Enfouissement Technique de Mpasa suite à l'affaissement du pont Mfusu qui rend l’accès au site impossible aux camions de gros tonnage. Il s'ensuit que les déchets collectés sont déversés dans des cours d'eau, sur des sites d'érosion ou dans des décharges "sauvages" à travers la Ville.
Les conséquences sont nombreuses: nappes et cours d'eau souillés, propagation des maladies hydriques, bouchage de caniveaux et égouts, destruction des structures de routes, inondations des quartiers entiers de la Ville de Kinshasa…Dans son rapport, le Consultant a proposé, jusqu'à l'horizon 2035, un schéma opérationnel de gestion des déchets solides avec des équipements et des infrastructures dédiés ainsi que des capacités des infrastructures conséquentes. Le schéma est bâti sur les infrastructures suivantes : points de regroupements mobiles, points de regroupement fixes, centres de transfert et centre d’enfouissement technique. Afin d'attirer les investisseurs privés dans le secteur, le schéma est ressorti d'un modèle d'affaires qui propose une approche contractuelle (Partenariat Public-Privé, PPP sous forme de contrat DBO-Design, Build, Operate) et un financement du système. Le modèle sera enrichi par l'étude en cours, dans le cadre du même projet, qui porte sur le financement durable, la viabilité économique et les réformes fiscales de la gestion de l’assainissement liquide et des déchets solides dans la ville de Kinshasa. Beaucoup de préoccupations soulevées au cours de l'atelier trouveront sûrement des réponses dans les conclusions de cette étude.
"Les ordures valent de l'or" a-t-on entendu au cours de l’Atelier. Mais il faut rassurer les investisseurs que leurs mises rapporteront, en leur apportant des garanties. Qui apportera ces garanties? C’est une préoccupation qui a été soulevée au cours des échanges. Aussi bien dans le traitement que dans la valorisation de déchets sur toute la chaîne de gestion des déchets ménagers et assimilés, les investisseurs privés peuvent y trouver leur compte. La valorisation peut comprendre la production de compost, de gaz, de briquettes, de pavés, et d’autres produits recyclés…. Un exemple a été cité, celui de l’Usine Kintoko qui a été récemment inaugurée par le Chef de l’Etat et qui est spécialisée dans le recyclage des bouteilles en plastique. C’est un investissement de l’ordre de 15 millions d’euros. Une première du genre en Afrique subsaharienne.
Dans la chaîne de gestion des déchets solides, l’objectif poursuivi est de valoriser la plus grande quantité de déchets collectés; le reste sera destiné au Centre d’Enfouissement Technique de Mpasa. L’enfouissement de déchets n’est pas une méthode dépassée, a martelé le Consultant. Il est adapté à nos pays africains car il est moins coûteux. Malgré l’évolution des procédés de recyclage, la plupart des pays en développement à travers le monde recourt à cette technique, dans des proportions variées certes. Pour ce qui est du site de Mpasa, son exploitation continuera jusqu’en 2035, pour autant que le site soit sécurisé et protégé de prédateurs fonciers. C’est un autre sujet du débat, car la concession a été envahie de tous côtés. Au-delà de 2035, il faut déjà trouver un autre site pour l'enfouissement des déchets. Est-il que la Ville de Kinshasa ne dispose pas de réserve foncière et le Gouverneur de la Ville/Province de Kinshasa n’exerce pas de pouvoir sur le «foncier» de la Ville, contrairement aux autres Gouverneurs de province. Cette matière relève de la compétence du Gouvernement central. La mise à disposition des sites par les autorités du secteur «foncier» constitue donc un préalable à la matérialisation du projet.
Un autre facteur de réussite qui a été souligné au cours de l’Atelier, c’est le changement de mentalités et de comportement dans la population, pour une prise de conscience et une adhésion populaire à la gestion de déchets. Par exemple, pour faciliter la gestion et la valorisation de déchets dans la suite de la chaîne, il serait envisagé à partir des ménages de procéder à un tri de déchets suivant leur nature: matières organiques, déchets plastiques, bois, métaux…. Pour ce faire, une stratégie de communication a été proposée par le Consultant afin d’accompagner le projet de modernisation et de gestion intercommunale des déchets solides.
Baudouin MANZENZA SASSA
Chargé de Communication