Depuis lundi 11 février 2019, une équipe de la Banque mondiale a entamé une mission de supervision en République Démocratique du Congo dans le cadre du Projet de réouverture et d’entretien des Routes hautement prioritaires, Pro-Routes en sigle. Conduite par M. Nicolas Peltier-Thiberge, Directeur du Département de Transportpour l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique Centrale, la mission séjournera dans les provinces du Nord-Kivu et Sud-Kivu, avec des visites programmées sur les routes Goma/Sake-Bukavu/Kavumu(146 km) et Beni-Kasindi (78 km) faisant partie du réseau routier Pro-Routes. La mission s’achèvera le 15 février 2019.
Elle a pour objectifs de faire le point sur l’avancement du projet après la levée de la suspension intervenue au début du mois de décembre 2018, et de revoir l’état de mise en œuvre du plan d’actions adoptépar toutes les parties impliquées dans le projet.Cette mission est, en effet, la première qu’effectue la Banque mondiale après la levée de la mesure de suspension qui frappait le projet Pro-Routes depuis le 27 novembre 2017.
Pour rappel, suite à des allégations graves de violations des Droits de l’Homme, de violences sexuelles et au non-respect de certaines mesures de sauvegarde environnementale et sociale rapportées sur le chantier de réhabilitation de la route Goma-Bukavu sur la RN2, le Gouvernement de la RD Congo avait été notifié par la Banque mondiale, principal bailleur de fonds du projet Pro-Routes, d’une mesure préventive de suspension des décaissements sur les travaux de réhabilitation et d’entretien, accompagnée d’un arrêt des chantiers du projet à travers le pays, en attendant les conclusions des investigations plus approfondies. Au total, un réseau 3.385 kilomètres de route desservant 9 de 26 provinces du pays était concerné par cette mesure, survenue à quatre mois de la date de clôture du projet, fixée alors au février 2018.Pour faire toute la lumière sur les allégations portées contre le projet Pro-Routes, un Panel d’Investigations avait été recruté par la Banque mondiale.
Au terme de plusieurs missions conduites sur le terrain par les experts de la Banque mondiale, un Plan d’actions pour la levée de la mesure de suspension a été convenu entre la Banque et la Cellule Infrastructures, Unité d’Exécution du Projet. Il a fallu onze missions de suivi et de supervision, par la haute hiérarchie de la Banque mondiale aussi bien au niveau du siège que du Bureau de la Région Afrique, pour que la levée de la mesure de suspension soit prononcée. Toutes ces missions ont été presqu’en totalité conduites par Monsieur Nicolas Peltier-Thiberge, Directeur du Département de Transport pour l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique Centrale basé à Washington.
A l’issue de la dernière mission de supervision qui s’est déroulée du 25 au 28 septembre 2018, la majorité des actions arrêtées pour la levée de la mesure de suspension était achevée : mise en place des codes de conduite, suivi et compensation des victimes des violences militaires, mise en place et ajustement des documents de sauvegarde environnementale, identification du personnel de chantiers et formalisation des contrats de travail, amélioration et transmission effective et régulière à la Banque mondiale des rapports de chantiers, mise en place du Mécanisme de Gestion de Plaintes, mise en place du support VSBG (Violences Sexuelle et Basées sur le Genre, officialisation de la formation avec la MONUSCO pour le screening et la formation en Droit Humanitaire des militaires impliqués dans la protection des chantiers…
A la lumière de l’évaluation faite sur le plan d’actions, la sortie du tunnel pouvait, enfin, être envisagée.«La levée de la suspension des décaissements pourrait être prochainement examinée par la haute direction de la Banque mondiale sous réserve de remplir les cinq conditions qui sont nécessaires au redémarrage des travaux sur la RN2... des progrès très significatifs ont été accomplis pour remplir les conditions de levée de suspension qui avaient été notifiées par la Banque dans la lettre de suspension datée du 26 novembre 2017, et pour mettre en œuvre le plan d’actions approuvé par le Conseil d’Administration de la Banque mondiale suite au processus d’inspection du Panel» pouvait-on lire dans les premières conclusions de la mission, confirmées par l’aide-mémoire.
Sur la RN2, sur la route Goma-Bukavu, qui a été à l’origine de la tempête qui a secoué le projet Pro-Routes, le redémarrage des travaux était assujetti aux conditions suivantes : actualisation du Plan de Gestion Environnementale et Sociale (PGES) de chantier, confirmation par les deux inspections du travail des provinces du Nord et du Sud Kivu que l’entreprise est toujours en règle avec la législation du travail, transmission du plan d’indemnisation global des travailleurs primaires et secondairesde la carrière de Tongo-Butale, confirmation par les missions de contrôle dans leur rapport mensuel que les chantiers sont toujours en conformité avec les obligations contractuelles et de sauvegarde applicables, transmission à la Banque d’un plan de communication à mettre en œuvre après la levée de la suspension et avant le redémarrage des travaux afin d’informer les communautés du programme des travaux et des mécanismes mis en place pour rapporter les problèmes éventuels.
Depuis le 3 décembre 2018, la mesure de suspension a été levée par le Conseil d’Administration de la Banque mondiale. La préoccupation majeure porte sur la reprise des travaux qui permettra au projet de retrouver son cours normal, de redonner au réseau son niveau de service et d’achever les travaux avant la date du 30 août 2019, nouvelle échéance de clôture du projet.
60 Ordres de Service ont été notifiés par la Cellule Infrastructures pour la reprise de travaux : 18 aux Grandes Entreprises pour les travaux de réhabilitation, d’entretien mécanisé et de remplacement ou renforcement des ponts métalliques et 42 aux Petites et Moyennes Entreprises pour les travaux d’entretien courant manuel et de curage des ouvrages d’art. Déjà, deux chantiers de réhabilitation ont redémarré les travaux. Il s’agit de Dulia-Bondo (130 km) sur la RN4 dans la province du Bas-Uélé et d’Akula-Gemena-Zongo (385 km) sur les RN6/RN23 dans la province du Sud-Ubangui.
Baudouin MANZENZA SASSA